dimanche 5 février 2017

Suis-je cruelle avec mon cheval? Et si la vérité était multiple?

"La vérité a ses ennemis, l'erreur ses partisans". François Baucher

Quand on traîne un peu sur internet, on est confronté à beaucoup d'articles sur le bien-être des chevaux, sur leurs condition de détention (box, pâtures, stabulation...), la ferrure, ce qu'on leur met sur la tête ou autour du cou...

Beaucoup de cavaliers/cavalières se sont remis en question, et portent un regard très critique sur leur propre passé.
J'ai eu la chance de devenir propriétaire assez tardivement. Ce qui fait que j'avais déjà eu l'occasion de pas mal cogiter sur certains sujets. (Pas tous, mais il faut bien un début).

Face aux nombreuses réflexions sur les conditions de vie de nos chevaux domestiques, je me pose réellement la question. Est-ce que ce que je fais est correct? Est-ce que je suis une bonne propriétaire?

Il y a certaines choses que je n'ai pas peur d'affirmer fièrement. Mon cheval n'est pas ferré, il vit en paddock/prairie l'hivers, uniquement en prairie l'été. Je monte sans enrênement et sans éperons. Mon cheval et ses pieds-nu partent régulièrement en balade. Soit mon cheval a de très bons pieds, soit je prend bien soin de lui, mais quoi qu'il en soit ses pieds se portent très bien, merci!
Je monte en muserolle simple, et celle ci n'est pas serrée. Le choix de ma selle s'est fait encadrée par quelqu'un de compétent en la matière.

Et puis, il y a également ce que j'ai parfois peur d'exposer sur internet.
Je monte avec un mors. Et je ne vise pas de l'enlever un jour.
Je pratique régulièrement le dressage. J'ai une réelle envie de progresser dans cette discipline, et j'aimerai également initier mon cheval à l'obstacle, afin de pouvoir sauter quelques modestes petits parcours. Si j'en ai un jour l'occasion, j'aimerai participer à un petit concours complet.
Mon cheval est majoritairement nourri au foin/herbe, mais il reçoit également des granulés.

Est-ce que je me remet suffisamment en question?

J'ai lu un jour sur internet une cavalière qui monte sans mors écrire: "Je fais partie des gens qui ont une conscience". Ça m'interpelle, vu que je monte en mors. Et quoi, si je ne sais pas comme toi, je n'ai pas de conscience?
Le but de cet article n'est pas de répondre oui ou non. D'ailleurs je ne prend plus le temps de lire tout ces débats sur internet. Ce qui ne m'empêche pas de me poser beaucoup de questions.

Est-t-il normal que j’appréhende d'avouer que je monte avec un mors? Que je monte avec une muserolle et une cravache de dressage?

Même si je recherche une relation épanouie et heureuse, je me mentirais à moi-même si je n'admettais pas rechercher également mon plaisir et mon épanouissement dans la pratique de l'équitation. Mon plaisir personnel n'est pas la priorité. Je pense (ou j'essaye de penser) en premier lieu à mon cheval. Mais je suis entièrement consciente que le must pour mon cheval, ce serait une vie avec des copains, de l'herbe, du foin, et la paix totale.
Je pense qu'une relation équilibrée apporte quelque chose au cheval, tout comme un travail juste lui permet de s'épanouir physiquement. Néanmoins, il ne m'a rien demandé, et je lui impose ce travail, tout en sachant que mon équitation a encore une bonne marge de progression.

Stand à Aix-la-Chapelle, 2012

A l'inverse, est-t-il normal que je sois fière d'avoir un cheval non ferré? Je le fais par conviction, mais est-ce que je dois me fermer complètement, rester dans mon idée et ne même jamais vouloir admettre que quelqu'un d'autre pourrait détenir la vérité? Est-ce que je dois regarder avec dédain et ennui ceux qui font différemment de moi?


Vous avez peut-être déjà vu cette photo? Y a-t-il une seule vérité? Est-ce que si j'ai raison, l'autre à tort? Et qu'est-ce qui me prouve que j'ai raison? Ne devrai-je pas accueillir les points de vue divergents de ceux qui m'entour comme des richesses? (Et je fais comment pour dormir avec toutes ces questions?)


Pour reprendre le sujet de la ferrure, je pense que vous serez d'accord avec moi pour dire qu'il ne s'agit pas juste d'enlever les fers du cheval. Le pied-nu est complexe, et demande un certain suivi de la part du propriétaire.
Dans mon cas, je n'ai pas pu trouver de pareur/podologue, et je fais donc appel à un maréchal-ferrant. J'en suis satisfaite, et il est compétent. Néanmoins quand je fais des recherche sur internet, je me rend bien compte qu'une personne plus qualifiée pourrait considérablement améliorer le bien-être de mon cheval. Je suis un peu déçue de n'avoir personne (pour le moment).
Bien sûr, je pourrai me former moi-même, mais pour l'instant, je ne le souhaite pas. Je n'ai pas envie de me lancer dans quelque chose à moitié. Si je décide de me former au parage, je veux m'investir totalement. Or il y a tellement de chose que j'ai envie d'approfondir que je ne veux pas courir après trop d'objectifs. Je pense que c'est mon droit.
Donc je pourrai être accusée d'incompétence. Un cheval non-ferré, paré par un maréchal-ferrant non-formé au pied-nu! Quelle erreur de ma part !

Un peu comme ce que j'avais écris dans mon article: Le perfectionnisme qui nous empêche de progresser, je me retrouve parfois complètement noyée par mon envie de faire mieux, de viser l'excellence, de ne pas faire d'erreurs...

Je crois que je m'occupe au mieux de mon cheval. Souvent, je n'en suis pas si sûre. J'ai tellement de questions ! A l'époque d'internet, nous sommes noyés d'information, il est parfois dur de ne pas s'y noyer !

Quand je suis confrontée à des cavaliers débutants, je suis bien contente de ne pas être à leur place! Quand des hommes et des femmes de chevaux, depuis 40 ans dans le métiers, te disent en apprendre tout les jours, si tu es adulte et que tu viens de débuter il y a 3 mois, mesures un peu le chemin qu'il te reste à parcourir!!!
Si tu traînes un peu sur internet, tu liras partout qu'il faut une bonne assiette pour ne pas gêner le cheval... Et après 3 mois, tu t'es surement rendu compte qu'il faudra du temps avant d'avoir une bonne assiette, et que d'ici là tu vas gêner ton cheval. Et après, si tu traînes sur les réseaux sociaux, tu liras différents commentaires sur "les débutants qui tirent dans la bouche du cheval", "les débutants qui n'y connaissent rien"... Et oui, ça donne envie de se mettre à notre sport!

Je suis tellement contente d'avoir mis le pied à l'étrier à une époque où internet était nettement mois accessible. Autant le net est un formidable moyen de s'épanouir, d'apprendre des nouvelles choses... Autant il peut y avoir des opinions tranchées, qui encore aujourd'hui me font douter...

Le doute semble être inévitable sur le chemin d'un cavalier. J'essaye tant bien que mal de le rendre constructif. Je sais que je ne suis pas la seule à douter, à culpabiliser, à réfléchir sur ma relation avec mon cheval...

Avez-vous également des doutes? Comment savez-vous si vous êtes dans le juste? Dites-moi tout!

12 commentaires:

  1. Mes chevaux me disent si je suis dans le juste .. Il suffit de les connaître pour se rendre compte lorsque nous nous égarons.
    Je n'ai aucune honte à affirmer que je monte en mors, avec une selle avec arçon, avec des éperons, que ma muserolle est ajustée, que je les tonds. Il faut simplement s'adapter à son cheval. Personnellement on me regarde souvent avec des gros yeux quand je dis que oui, même mes chevaux de concours vivent dehors à plusieurs.. Mais je m'en fiche, ils sont bien plus heureux comme ça à mon sens.

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    1. Je comprend ce que tu veux dire, mais après avoir déménager mon cheval deux fois, je constate qu'il a une faculté d'adaptation énorme.
      Tu vas peut-être me dire que je ne suis pas capable de comprendre mon cheval, mais crois-moi, je m'entoure de personnes compétentes, je me forme, tant sur le plan "travail" que sur le plan santé (diverses formations shiatsu, soins énergétiques, éthologie scientifique...). Et je pense que ma page "bibliographie" prouve que je lis beaucoup...
      Sinon pour en revenir à tes chevaux, j'ai vu une partie de tes vidéos, et perso j'aime beaucoup !

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  2. Comme ça fait du bien de lire des discours eclairé et impartiale! Je me pose toujours beaucoup de questions, et parfois je n'ose pas afficher des photos sur internet de peur que l'on me juge. Parceque j'ai l'impression que beaucoup de gens attendent beaucoup de moi, et que de ce fait, il y'a de grande chance que je les décoivent. Alors que je devrais d'abord penser à mes chevaux, et si ce que je fais pour eux et bien, plutot que d'intellectualiser le regard des autres.

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    1. Toi aussi tu as parfois le sentiment de devoir "rendre des comptes"? J'ai souvent ce sentiment, avec des anciens profs, ou la femme qui m'a vendu mon cheval... Et toi qui est "exposée" sur youtube, je n'ose même pas imaginer...

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  3. Comme ça fait du bien de lire des discours eclairé et impartiale! Je me pose toujours beaucoup de questions, et parfois je n'ose pas afficher des photos sur internet de peur que l'on me juge. Parceque j'ai l'impression que beaucoup de gens attendent beaucoup de moi, et que de ce fait, il y'a de grande chance que je les décoivent. Alors que je devrais d'abord penser à mes chevaux, et si ce que je fais pour eux et bien, plutot que d'intellectualiser le regard des autres.

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  4. Mon cheval est pied nu ... et paré par un maréchal !!!!
    Je ne comprendrais jamais le rejet des pro-pieds nu envers le maréchal, un bon maréchal est capable de parer pour un pied nu, une formation de maréchal comprend normalement des cours d'anatomie du pied. Dans tous les métiers il y a des bons et des mauvais.
    Franchement,qui me dit qu'un pareur spécial pieds-nus ferait mieux ? mon cheval se porte très bien. Si ton cheval est bien comme ça, c'est que ça lui convient. pourquoi changer ?

    Bon article :)

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    1. Pour leur défense, j'ai quand même un jour confié les pieds de mon cheval à un maréchal dont je n'ai pas été très contente. Mais celui à qui je fait appel habituellement est très bien!
      Contente de voir une expérience similaire!

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  5. Une réflexion qui va dans le bon sens, et je te rejoins sur le fait que c’est très difficile, avec internet et toutes les informations et désinformations qui circulent, de rester en phase avec soi-même et de ne pas douter dans le mauvais sens (en quelque sorte). Personnellement, je distingue deux choses : accepter d’être toujours dans le doute. Chercher à comprendre ce qu’on fait avec son cheval ou ce que d’autres intervenants font (véto, maréchal) en se renseignant, lisant, écoutant, interrogeant autant que possible. Accepter la nécessité du compromis : monter en mors alors que t’es pas sûre à 100% que ce n’est pas douloureux pour le cheval mais que tu n’es pas non plus sûre que les autres manières de monter soient plus juste ou plus bénéfiques pour le cheval ; être dans une pension qui distribue des granulés parce que d’autres facteurs font que, par rapport au choix dont tu disposes actuellement, c’est malgré ses petites imperfections la meilleure qualité de vie que tu puisses offrir à ton cheval.

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    1. Merci beaucoup pour ton commentaire. Qui d'ailleurs va un peu dans le sens de ton article "acceptons de ne pas être d'accord"...

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  6. Le souci du retour au naturel (sans mors, sans fers, sans arçon, sans rien...) c'est qu'il peut être aussi extrême que l'équitation dite classique, surtout s'il est mal accompagné. Et qu'il est très souvent accompagné d'avis très tranchés sans sens critique ("je fais au naturel, j'ai raison!"). Hors, on oublie bien souvent que nos chevaux sont des chevaux domestiques, adaptés à une vie domestique. Perso je n'ai pas de scrupule à faire travailler ma jument quelques heures par semaine en échange d'une vie au pré plutôt peinard. Et oui, je monte en mors, avec une selle et une badine ; mon assiette n'est pas parfaite, ma main pas fixe, et je suis loin d'être une bonne cavalière. Et pourtant, je fais au mieux au quotidien pour assurer le bien être de ma jument et m'améliorer. Si le pied nu ne passe pas, elle a des fers (ben oui, je préfère ça que la voir souffrir sur des cailloux mais y aller quand même parce qu'elle est brave!).
    D'expérience, autant dans mon entourage certains "retours au naturel" raisonnés se passent bien (mais généralement ils sont plutôt nuancés), autant j'ai également vu des massacres (pieds en sang, cheval non utilisable, selle sans arçon blessante, licol étho en tension permanente...). En parallèle, je vois également des touches à tout pratiquer plusieurs disciplines, de l'obstacle à l'équiffel, en mélangeant les méthodes (licol étho/mors ; vie au pré/pré-box / tondu si besoin) et les chevaux ont clairement évolué dans le bon sens, on les sent bien plus équilibrés que ceux de certains extrêmistes du naturel.
    Donc tant mieux si vous doutez !! et heureusement que vous doutez ! c'est comme cela qu'on arrive à se remettre en question, au lieu de croire aux vérités toutes faites, et qu'on fait au mieux avec nos moyens.
    Et je suis tout à fait d'accord avec votre avis sur internet. Le discernement et la remise en question ne font pas forcément partie de la plupart des commentaires que l'on peut y lire, et c'est bien dommage !

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    1. C'est la 1ère fois que je lis "nos chevaux sont des chevaux domestiques, adaptés à une vie domestique" merci ! Je me sens moins seule ! Je n'ai jamais compris pourquoi tous les bouquins que j'ai lus jusqu'à présent sur le comportement des chevaux nous parlaient uniquement des chevaux dans leur milieu naturel en occultant quasi totalement le milieu domestique alors que à moins de vivre dans la pampa 95% des chevaux que nous croisons vivent dans un milieu domestique ?

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  7. Je crois que le doute est justement ce qui nous rend meilleurs avec nos chevaux. Tant que nous nous interrogeons et que nous restons ouverts, nous faisons au mieux pour nos chevaux en fonction de nos possibilités et de nos souhaits.
    Ce que je déteste le plus, ce sont ces gens sûrs de leur choix, qui démontent et insultent ceux des autres.
    Alors si je doute, si je me pose un million de questions? Oui, et encore plus depuis que j'ai ma jument. Je ne suis pas sûre d'avoir la vérité, mais je suis convaincue que je lui apporte aujourd'hui une belle vie, et que je fais au mieux pour elle sans m'oublier au passage. Et si demain je découvre une nouvelle possibilité d'améliorer sa vie, j'essaierai de l'appliquer sans culpabiliser de mes choix passés ni juger ceux des autres.
    Oh, et moi aussi, je monte en mors! (Et pour l'instant, ça nous convient)

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