lundi 21 novembre 2016

La retraite du cheval

Comme nous, le cheval vieillit et un jour il devient temps de cesser de le monter ou de lui demander de travailler. Généralement, aux alentours de 20 ans le cheval qui était dans une écurie, monté régulièrement, est mis en prairie et n'est plus monté. Parfois, certains jeunes chevaux présentent des problèmes de santé et sont mis précocement à la retraite.

J'ai beaucoup d'exemples de chevaux qui sont encore monté après 20 ans. Certains partent en promenade occasionnellement, d'autres travaillent 2-3 fois par semaine, parfois jusque'à 24 ou 25 ans. Certains chevaux de plus de 25 ans ne seront pas contre une balade montée occasionnellement. Evidemment il faut adapter les demandes. Le cheval n'est plus capable de donner ce qu'il donnait autrefois. Si le travail est irrégulier, attention, il n'a probablement pas la musculature pour fournir des efforts. De même, en vieillissant certains chevaux sont plus raides et plus lents à échauffer.


Alors quand le mettre à la retraite? Il n'y a pas d'âge précis. Il faut se baser sur son état physique mais également son état moral. Montre-t-il des signes de joie de vivre? Si le cheval montre de la lassitude, il faut songer à cesser ou diminuer le travail.

En ce qui concerne l'état physique, en cas de doute, on peut toujours demander l'avis d'un vétérinaire. En effet, ceux-ci voient de nombreux chevaux chaque jour et pourront avoir du recul et un avis objectif que le propriétaire n'aura peut-être pas. Si vous avez à prendre cette décision, je vous souhaite beaucoup de courage! 

Vous voulez quelques chiffres?



Comparaison des ages homme/cheval
  • On peut comparer un cheval de 20 ans à un homme de 60 ans.
  • Environ 10 % des chevaux de plus de 20 ans gardent une activité physique régulière pendant plusieurs années.
La santé du vieux cheval:

L'idée comme quoi le cheval est moins fragile en prairie et sans l'intervention humaine est fréquemment avancée. Certes un cheval a la retraite a peu de chance de souffrir de boiteries ou de blessures de harnachement.
Néanmoins un cheval âgé a besoin de soins réguliers. Vaccins, vermifuges, alimentation adaptée... Attention au vieux cheval qui n'a pas de dentition correcte. Le passage du dentiste est essentiel, pour certains chevaux il faudra prévoir une nourriture qui n'a pas besoin d'être mâchée.
En fonction de ses origines et de son état, certains vieux chevaux auront besoin d'une couverture. A titre d'exemple, une des compagne de prairie de mon cheval, qui est âgée de 26 ans est couverte d'une couverture 100 grammes imperméable entre novembre et mars.

Comment faire pour que la retraite ne soit pas un "abandon"? Lorsqu'il est travaillé, le cheval à droit à des séances d'ostéopathie, des visites d'un maréchal/pareur, du dentiste, il reçoit une alimentation adaptée, il a parfois des compléments alimentaires. On veille à ses petits bobos, on s'inquiète de ses raideurs, ses tensions, on surveille les baisses de moral. On le travaille à pied pour l'assouplir, veiller à ce qu'il se sente bien dans son corps. Pourquoi le cheval à la retraite n'y aurait-il pas droit? Bien sûr les assouplissements ou le travail de la condition physique ne sont pas forcément nécessaires. Mais qu'en est-t-il d'une séance d'ostéopathie si il éprouve des gènes ou des tensions dans son corps? Et si nous ne sommes pas attentifs, pouvons-nous repérer ces signes de tension?






Les chevaux "âgés" ont également besoin d'attention. Si ils ont toujours été choyés, ils apprécieront certainement des visites humaines, un pansage, du temps passé avec eux. Et pourquoi pas une petite balade ou un petit peu de travail à pied si le cheval en est capable?


Connaissez-vous des exemples de chevaux "âgés" qui ont une activité régulière? Comment se passe la retraite de vos protégés?

jeudi 17 novembre 2016

Le perfectionnisme qui nous empêche de progresser

  • Avez-vous déjà eu l'impression de stagner?
  • Avez-vous lu tellement de livres équestres que vous connaissez le but à atteindre, mais vous n'y parvenez pas?
  • Êtes-vous déçu de votre façon de travailler, à pied ou à cheval votre cheval?
Si vous avez répondu oui à l'une de ces questions, cet article est peut-être pour vous.

Récemment, je m'interrogeais face à mon équitation. En très résumé: je me trouve nulle. J'ai commencé à monter il y a presque 20 ans, j'ai une bibliothèque équestre fournie (près de 40 titres), je possède un cheval de qualité, j'ai l'occasion de monter d'autre chevaux, je prend cours régulièrement, aussi bien des cours particuliers que des cours collectifs, je passe pas mal de temps sur les blogs... Bref, je devrai être une super cavalière, une vraie femme de cheval, je devrai être capable de monter aussi bien que je ne fais les boxes en un temps record ! Et bien... non, même pas...

Puis je suis tombée sur cet article: http://devenir-musicien.com/progresser-en-musique/. Je vous encourage à le lire, même si c'est un article appartenant au monde de la musique.

En résumé, cet article explique qu'on s'entend dire à quel point la musique est un art compliqué, difficile à maîtriser. Le musicien débutant se retrouve noyé dans une masse d'information, et n'ose donc pas composer, car composer serait "réservé" au musicien très expérimenté.

Du coup, on n'ose pas essayer, on ne prend pas le risque de faire une erreur, et on reste bloqué par la peur de faire quelque chose d'imparfait, qui sera jugé par nos pairs. Quel est le problème??? Et bien, si on ne s'exerce pas, on ne peut pas progresser!

L'article termine en parlant des perfectionnistes qui attendent d'être des virtuoses pour montrer aux autres leurs arts. Ceux là se privent de pistes pour progresser.

Quels parallèles avec l'équitation?

On nous répète qu'il faut s'informer, être curieux, lire le plus possible. On se rend compte qu'il nous faudra des années pour être capable de monter, qu'une vie entière ne suffira pas pour tout connaître. Les informations sont tellement nombreuses. Du comportement des chevaux au dressage de haute-école en passant par le parage naturel, l'éthologie, le saddle-fitting ou l'alimentation, nous sommes complètement noyés par les centaines de sujets sur lesquels nous devrions être experts pour ne pas passer comme incompétents auprès des autres cavaliers. Même après 10 ans, 15 ans nous aurons toujours des lacunes. Certains sujets nous intéressent plus que d'autres, il nous est impossible de tout connaitre en un temps record.

Après 19 ans au coté des chevaux, j'ai toujours une soif de connaissance. Chaque nouveau livre que je lis est accompagné d'un sentiment d'excitation: "Peut-être que dans ce livre-ci je vais découvrir quelque chose de révolutionnaire? Peut-être qu'il y aura une clé qui me permettra d'amorcer un tournant dans ma relation avec mon cheval?" Bien souvent, le livre est génial, mais passé quelques mois, non, ce n'est pas ce livre-là qui va changer ma vie. Comme le dit le général L'Hotte: "Les livres traitant de l'équitation n'ont vraiment d'utilité que pour le cavalier déjà complètement familiarisé avec la pratique du cheval. L'art ne s'apprend pas dans les livres, qui n'instruisent guère que ceux qui savent déjà."

J'ai lu de nombreux livre, vu de grand cavaliers travailler, j'ai pris de nombreux cours... Je commence donc à savoir ce qui est de la "belle équitation". Et je deviens donc très critique envers moi-même. Je ne suis pas particulièrement perfectionniste dans ma vie de tout les jours, mais avec les chevaux je le suis devenue. Sachant qu'une mauvaise position peut faire souffrir le dos de mon cheval, sachant qu'une mauvaise main est à proscrire, lisant les nombreuses critiques sur internet sur certains cavaliers qui se critiquent les uns les autres... parfois je n'ose plus. Je n'ose plus prendre le risque de faire une erreur. Je n'ose pas prendre cours avec un prof un peu plus "connu" de peur d'être jugée. Je n'ose pas demander conseils, de peur de m'en ramassez plein la figure comme quoi ma façon de monter serait néfaste pour mon cheval...

Je lis, je doute, j'achète à nouveau...
Après la lecture de cet article sur la musique, je me suis retrouvée dans certains aspects. Bloquée par mes connaissances, qui font que je sais reconnaître le mauvais geste, l'erreur... Je suis capable de porter un regard très critique sur ma séance, parce que j'en ai connu des meilleures, parce que j'ai vu d'autres cavaliers sur un meilleur chemin que moi, parce que j'ai observé des couples humain/équin qui fonctionnait mieux... Me voilà donc bloquée...

N'avez-vous jamais entendu dire que les cavaliers débutants abîmaient les chevaux? Pourtant sans débutants, plus de cavaliers!

Où je veux en venir? N'ayez pas peur de faire des erreurs. N'ayez pas peur de vivre votre relation pleinement avec votre cheval même si vous n'êtes pas spécialiste du comportement, du travail à pied, de l'équitation éthologique... Osez mettre de coté l'aspect théorique. Même si vous lisez beaucoup, soyez capable de faire confiance, non pas aux livres, mais à votre bon sens, à vos tripes, à votre ressenti, à votre propre jugement, indépendamment des connaissances théoriques.

Je l'ai vécu il y a quelques semaines. Après l'article sur le perfectionnisme en musique, j'ai décidé de relâcher un peu la pression que je me mettais moi-même. Je ne vais pas vous faire croire que subitement, je me suis mise à monter mieux. Bien sûre que non. Mais en relâchant la pression, en m'autorisant à faire confiance à mon instinct et à mes tripes, plutôt que de toujours penser à la belle théorie, j'entrevois certaines pistes qui me permettent de progresser. Rien d'exceptionnel, mais réussir à comprendre mes blocages, c'est déjà un grand pas en avant.

Alors, si comme moi vous vous savez quel but vous souhaitez atteindre, mais que vous vous sentez bloquer parce que ce but n'est pas encore accessible, mettez de coté la théorie, et osez faire des erreurs! Je ne vous promet pas des progrès immédiats et fulgurants, mais retenez que vous avez le droit de faire des erreurs! On en fait tous! Elles font partie du chemin. Ne laissez pas la peur de l'imperfection vous arrêter en plein milieu du chemin!
Janne Friederike Meyer, Aix-la-Chappelle 2012

vendredi 11 novembre 2016

Comment je nourris mon cheval

L'alimentation du cheval: sujet compliqué, car chez le cheval, ce n'est pas seulement une question d'énergie, de calorie, ou de litre de grains, mais c'est une gestion du temps, car le cheval est prévu pour manger en continu. Voici donc comment j'ai mis en place l'actuel régime alimentaire de mon cheval.

Mon cheval est en prairie jour et nuit l'été, par contre l'hivers il est rentré la nuit lorsqu'il fait froid. Il a donc accès à de l'herbe toute la journée (bien qu'en hivers l'herbe se fait plus rare), et la nuit il est en box avec paille. Je préférerai qu'il ne soit jamais en box, mais malheureusement je n'ai pas encore trouvé la pension de mes rêves.

Dans ma pension, dès le mois d'octobre, les chevaux ne sont plus que dans une seule parcelle, afin de laisser les autres parcelles se reposer durant l'hivers. La parcelle "d'hiver" devient donc petit à petit un grand champ de boue, au fur et à mesure que l'hiver avance et que l'herbe se raréfie. Ce n'est pas l'idéal, mais comme je l'ai écrit plus haut, pas facile de trouver une pension parfaite.

Les chevaux sont donc nourris au foin. Concrètement, le matin ils sont sortis en prairie et on remplit un grand bac à foin que les chevaux se partagent . On prévoit environ 1 galette de foin pour deux chevaux. En fin de journée, les chevaux sont rentrés au box. Ils reçoivent du foin (beaucoup) au box. Je paille moi-même mon box, et je suis très généreuse en paille.
De plus, la plupart des chevaux reçoivent un peu de grain le matin avant de sortir et le soir au retour de prairie.

Lorsque je suis arrivée dans cette pension, j'ai beaucoup hésité à donner ou non des granulés à mon cheval. C'est un cheval qui n'a pas particulièrement besoin de granulés. Il peut tout à fait être nourri uniquement au foin, voir même uniquement à l'herbe, à condition que la surface de la prairie soit suffisamment grande.
Comme les autres chevaux recevaient des granulés, j'ai souhaité que le mien en reçoive également.
J'ai donc opté pour un mélange d'entretien, sans avoine. Je donne un peu moins d'1 litre. Pas plus. Rapidement, j'ai acheté du son de blé afin d'augmenter un peu de volume de la ration sans lui donner trop de calories.
Le son de blé peut-être ajouté à la ration de chevaux proche du sang qui doivent éviter les granulés.

Son de blé
Grains, pommes et carottes
Cependant, attention, le son de blé ne présente pas que des avantages. Il absorbe beaucoup d'eau, il est donc conseillé de le mouiller afin d'éviter qu'il ne gonfle dans l'estomac du cheval. De plus, il contient beaucoup de phosphore. Or chez les chevaux, il faut maintenir un rapport d'environ 1,5 fois plus de calcium que de phosphore. Ce chiffre augmente chez les chevaux plus âgés. Avec les petites quantités que je donne (l'équivalent d'un verre d'eau) aucun risque, mais attention si vous souhaitez le donner en grande quantité. Selon les sources, on conseille de ne pas dépassez 450 à 500 g pour un cheval de 500 kg.

Tant qu'à faire un article sur l'alimentation, j'ai souhaité faire un petit point sur les ulcères, étant donné qu'on en parle beaucoup ces temps-ci.

L'ulcère gastrique est courant chez tous les types de chevaux, à tous les âges et quelle que soit leur activité. 90 % des poulains de course à l’entraînement, 70 % des chevaux de sport mais aussi 35 % des chevaux de loisir en souffrent.

On retrouve souvent sur internet une information comme quoi une étude à démontrer que 80 % des chevaux en souffraient. Cette étude est totalement vraie, seulement, et c'est une précision importante, c'est une étude sur des chevaux de course! Donc des chevaux fort sollicités au niveau sportif, et soumis à beaucoup de stress! Les chevaux de loisirs peuvent donc souffrir d'ulcères, mais ne retenez pas le chiffre de 80%, retenez plutôt celui de 35%.

Si comme moi votre cheval est nourri principalement au foin, qu'il est en prairie ou en box avec beaucoup de foin et de paille, et qu'il ne souffre pas de stress excessif, il y a peu de chance qu'il soit sujet au ulcères.



Edit du 25 août 2018: Un peu moins de deux ans après le parution de cet article, certaines choses ont changées.
Mon cheval vit désormais en paddock paradise, avec foin à volonté en slow feeding. J'ai de plus totalement arrêté les céréales. En complément du fourrage, Vasco reçoit actuellement 1/2 kg de pellets de luzerne réhydraté ainsi qu'un CMV conseillé par ma vétérinaire sur base de prise de sang.
Je parle plus longuement des céréales dans cet article: les 6 raisons d'éviter (ou de diminuer) les céréales.