mardi 20 septembre 2016

Achat et mensonge

Il n'est pas rare de voir un cavalier en galère totale avec son nouveau cheval rejeter la faute sur l'ancien propriétaire.

De fait, malheureusement de nombreux vendeurs trompent le futur acheteur sur le cheval. Problèmes de santé cachés, mensonge sur l'âge, les papiers ou le passé du cheval.
J'ai connu un vendeur qui justifiait la défense d'un cheval (demi-tour et départ au galop) par un mensonge (il a appris les pirouettes). Je pourrais encore citer de nombreux exemples, mais mon but n'est pas d'écrire un article sur la malhonnêteté des gens.



Parlons plutôt du nouveau propriétaire, qui vient de réaliser son rêve. C'était mon cas, me lancer dans l'aventure d'être propriétaire, c'était mon rêve d'enfant. Pourtant, rapidement, j'ai bien compris que si moi j'avais réalisé mon plus grand rêve, mon cheval, lui, serait surement bien resté chez ses anciens propriétaires!

Je m'estime plutôt chanceuse, je n'ai pas eu d'accident, quasi aucune chute ou blessure, et un cheval plutôt de bon caractère. Pourtant, j'ai été blessée en moi-même. Mon égo, ma confiance en moi en ont pris un sacré coup. J'ai du admettre cette réalité, tellement différente de ce que j'avais imaginé. J'ai du accepter que c'était beaucoup plus difficile que ce que j'avais prévu.
Pourtant, j'avais pas mal d'expérience derrière moi. J'avais monté des poneys, des chevaux d'obstacles, des étalons de dressage, des jeunes, des vieux, de toutes races... Mon curriculum comporte aussi un peu d'équitation western et le re-débourrage d'un trotteur.

J'ai cru que cette expérience était solide. Je savais parfaitement bien que ce ne serait pas facile. Je savais que j'aurai à me remettre en question, à accepter de devoir continuellement apprendre, à rencontrer des moments de doute... J'ai une bonne prof, des bons professionnels autour de moi. J'ai cru que je pourrai dépasser ces moments de découragement.

De nombreux chevaux montrent un comportement différent selon le cavalier qui le monte. Ainsi, n'est-il pas attendu que le cheval qui change de propriétaire puisse changer de comportement? Lors de l'essai, le cheval était dans un lieu connu, et l'essai est souvent trop court que pour réellement tisser une relation.
On essaye donc un cheval, encadré par le vendeur, et tout se passe relativement bien. Ensuite changement de décors, on se retrouve seul à seul avec SON cheval. Magie magie... On apprend à le connaitre, et lui apprend à nous connaitre. Il apprend à nous apprécier, mais également à trouver nos erreurs, nos failles, notre manque d'expérience... C'est là que peuvent apparaître les problèmes.

Je ne dis pas que ça arrive à tout les propriétaires, mais je sais que ça arrive à certains, et c'est mon cas. On m'a beaucoup conseillé de me retourner contre le vendeur. Pourquoi?
Parce qu'il m'a vendu un excellent cheval bourré de qualité et que j'ai des difficultés, du à une mauvaise position à cheval, un manque de connaissance, un manque de technique? Parce que ce cheval est intelligent et que moi je fais trop d'erreurs?

Je pense honnêtement que mon cheval sera bien vieux le jour où j'aurai résolu mes problèmes d'assiette, mes problèmes de mains qui bouge, mes lacunes techniques, mes problèmes de la vie de tout les jours qui parasitent ma vie... Ce n'est pas grave. J'ai conscience de certains problèmes. J'y travaille. Je découvrirai ensuite d'autres lacunes... 

A ceux et celles à qui on conseille de se retourner contre le vendeur. Réfléchissez bien. Vous a-t-on réellement menti sur le cheval? Ou bien êtes-vous déçu parce que vous avez essayez un cheval avec qui tout se passait bien, et que le cheval révèle finalement qu'il a l'intention d'exiger beaucoup d'effort de votre part?

Je vous souhaite beaucoup de remise en question (constructives) avec vos chevaux. Et bien sûr, je suis tout à fait consciente que parfois, il vaut mieux se séparer d'un cheval avec lequel ça ne fonctionne pas. Parfois, la séparation est le mieux à faire, tant pour l'humain que pour le cavalier ;-)
Et vous, bonne ou mauvaise expérience d'achat? Avez-vous fait confiance au vendeur? Votre cheval est-t-il resté le même que lors de l'achat?

samedi 10 septembre 2016

[Lecture] "L'équitation centrée" de Sally Swift



Pourquoi j'ai adoré ce livre?

Ce n'est pas un manuel d'équitation. Je suis tentée de dire qu'il s'agit d'un livre sur la position à cheval, mais en fait, c'est bien plus compliqué que ça. Sally Swift parle de l'utilisation des os plustôt que des muscle, elle parle d'anatomie, de relâchement, du fonctionnement du cerveau... C'est bien plus qu'un simple texte qui décrit comment positionner ses jambes et ses bras.
J'ai ce livre depuis un an et demi, et quand je le ré-ouvre, je découvre des notions à coté desquelles j'étais passée. Je pense notamment à la notion d'énergie, qui me parait encore bien floue, mais qui je l'espère va devenir plus nette au fil des prochains mois.

J'ai particulièrement aimé la phrase suivante: "Si un exercice ne vous convient pas, ne vous inquiétez pas - essayez-en un autre!"

Cette image m'a beaucoup aidé à accroire ma stabilité. J'ai le sentiment d'être indéracinable, de faire un avec mon cheval, mes jambes se décontractent...

J'ai conscience de ne pas avoir une utilisation de mon corps adéquate. Et je sais aussi que ce n'est pas un livre qui me permettra de changer tout cela. Le livre donne des bonnes pistes, mais un enseignant qui nous observe est également nécessaire. J'aimerai faire un stage avec un enseignant d'équitation centrée, mais je n'ai pas (encore) trouvé dans ma région. J'espère avoir un jour l'occasion de pratiquer avec un coach, en stage ou en séance individuelle.

En attendant, je pense que ce livre à pu ouvrir quelques portes. Nous partons tous d'une utilisation de notre corps différente. En ce qui mon concerne, ce livre m'a aidée à me redresser, et à m'asseoir plus au milieu de ma selle.
Je ne vais pas détailler la longue liste de ce qui est à travailler chez moi. J'ai de quoi m'occuper! Je me sens parfois perdue en pensant à ce que j'aimerai creuser... (Et je ne parle pas que d'équitation centrée ;-) )

Quelques notions proposées par l'auteur :

Sally Swift propose quatre fondamentaux: le regard doux, la repiration basse, se centrer et l'alignement des blocs. Pour tout ce qu'elle propose, elle rappelle ces quatre fondamentaux. Etant donné qu'ils sont la base, je vous les présente brièvement ici.

  • Le regard doux
Pour ceux qui sont familier du regard panoramique de Michel Robert, c'est la même chose, je n'ai rien à vous expliquer ;-)
Il s'agit d'avoir une vision globale de ce qui est autour de nous, au lieu de fixer son regard sur un seul point. Sans avoir le champ de vision d'un cheval, nous avons tout de même possibilité de voir ce qui est quasi à la limite d'être derrière nous. Essayez avec vos mains, voyez à quel endroit elles disparaissent de votre champ de vision !

  • La respiration basse
Elle consiste à respirer avec le ventre, plutôt qu'avec le haut de la cage thoracique. La respiration basse permet de détendre la cavalier et le cheval. Lorsque mon cheval s'inquiète en extérieur, j'essaye simplement de respirer correctement. J'ai d'ailleurs découvert qu'en chantant en promenade, ma respiration était meilleure, mon corps plus relâché et mon cheval plus détendu !
Sally Swift propose l'image suivante : imaginez-vous faire descendre l'air que vous inspirez jusque dans vos pieds.

  • Se centrer
Le fondamental qui me pose le plus de problème! C'est une notion très théorique, et plus difficile (pour moi) à percevoir.
Se centrer demande d'avoir conscience de notre centre et de le maintenir entre notre nombril et notre pubis. Ce centre est à la fois le cendre de gravité (que nous connaissons tous) mais également le centre d'équilibre, d'énergie et de contrôle. Grâce à la respiration basse et au regard doux, on peut parvenir à trouver son centre, et à l'utiliser pour monter de manière plus fluide.
L'auteur utilise l'image du culbuto, image également utilisé par Michel Robert.
Sally Swift et Michel Robert, même combat !

  • L'alignement des blocs
Cinq blocs: le coup et la tête forment un bloc, ensuite les épaules, la cage thoracique, le bassin et enfin les jambes. Le but est de maintenir ces blocs alignés.
Quand on n'a pas de miroir, des photos de soi à cheval peuvent aider. Il y a un an et demi, rien n'était aligné chez moi. Aujourd'hui, je parviens à aligner quatre bloc. C'est le bloc tête et cou qui me pose encore problème.

Comme je l'ai expliqué, il me reste encore beaucoup de choses à travailler, et ce n'est pas simple de travailler seule. Je n'ai pas la chance d'avoir des miroirs en piste, je dois donc me débrouiller autrement. Ce livre ne résout pas tout, il ne fera pas de vous un cavalier plus performant en quelques séances. Néanmoins, ce sont des exercices abordables et donc il serait dommage de se priver !

NB: Sally Swift a écrit un deuxième livre "Nouvelle équitation centrée. Allez plus loin..."
Ce livre est prévu pour des lecteurs qui connaissent déjà l'équitation centrée et le premier livre. Je conseille de lire le premier, mais de ne pas acheter le deuxième. Il est selon moi destiné à un enseignant qui voudrait plus de conseils pour donner cours à ses élèves, ou à un élève qui souhaiterait faire un travail très avancé en équitation centrée. Beaucoup des exercices proposés dans ce livre nécessitent une personne à pied pour aider à la bonne réalisation de l'exercice. De ce fait, je ne trouve pas le livre utile pour un cavalier qui travaille seul.

samedi 3 septembre 2016

La concentration, le cerveau droit et la proie

Dans son livre, L'équitation centrée, Sally Swift utilise le concept de l'utilisation du cerveau gauche et du cerveau droit pour permettre une meilleure concentration et utilisation de son corps.
Elle n'est bien sûr pas la seule.

Le cerveau gauche:
C'est lui qui est responsable de la parole, il traduit les sensations en mots. Il permet d'analyser, de classer, d'écrire, de calculer... C'est la logique, la stratégie.
Il est linéaire et de soucie du détail.


Le cerveau droit:
C'est l'hémisphère des sensations. Il a une perception globale des choses. L'intuition vient du cerveau droit. Il intègre et synthétise, il n'utilise pas de mots.


Sally Swift propose d'utiliser davantage le cerveau droit pour monter à cheval. Dans n'importe quelle pratique sportive, lorsqu'on utilise le cerveau gauche, le cerveau analytique et verbal, il va dresser une liste des détails à faire. Lever le bras, bouger la jambe... Les mouvements sont traduits en phrases et en mots.

Quand le cerveau droit prend le contrôle, il n'y a plus de mots, seulement du ressenti. Les mouvements deviennent automatique, fluide. Nos mains ou notre corps sait mieux que nous comment faire le mouvement. Cela vous est surement déjà arrivé, à cheval ou dans une autre activité. Le corps sait d'instinct comment effectuer un geste, que ce soit mélanger un jeu de carte, encoder un code pour déverrouiller un portable, tricoter... Etant assez manuelle, il m'arrive souvent que mes mains fassent machinalement certains gestes. Si j'ai le malheur de m'interrompe, j'ai beaucoup de mal à reprendre là où j'en étais.

C'est donc lorsque le cerveau droit gère un beau mouvement fluide que le cerveau gauche vient tout perturber. "Attention, mon cheval a peur de ce coté-ci de la carrière". Ou encore "Il faut absolument que je raccourcisse mes rêne avant de changer d'allure"...

Sally Swift plaide pour une utilisation des deux hémisphères.
Elle propose d'utiliser le cerveau gauche pour l'apprentissage. Il permet de décomposer un mouvement (épaule-en-dedans, transition, figure de manège...) et de le comprendre. On décompose chaque geste de main, jambe etc du cavalier, ainsi que chaque mouvement du cheval.
Le cerveau droit, lui, enregistre les sensations. C'est ces sensations inscrites dans le cerveau droit qui permettront ensuite de laisser le corps faire, de lui faire confiance.

Au départ je pensais simplement écrire un article sur le cerveau gauche et le cerveau droit, puis, chose amusante, j'ai remarqué un parallèle entre cet état de concentration avec le cerveau droit et l'intelligence des proies dont parlent Chris Irwin et Linda Kohanov.

Dans son livre "Danse avec ton Cheval d'Ombre", Chris Irwin fait une nette distinction entre le monde des proie et le monde des prédateurs. La proie est sans cesse en alerte, elle scrute en permanence le monde qui l'entoure. Tout en accomplissant sa vie normale (manger, se déplacer, se reproduire...), la proie reste attentive à son environnement.
Au contraire, le prédateur sera capable de période d'intense concentration suivie de longue période de repos. Le prédateur focalise son attention sur un point donné, et fait abstraction du reste du monde.
"Chaque fois que vous voyez une personne rétrécir son attention jusqu'à exclure tout ce qui n'est pas l'objet à saisir, qu'il s'agisse d'un joueur de foot fonçant sur la balle, d'une petite fille complètement absorbée par ses poupées, ou d'un jeune garçon pris dans son jeu vidéo, vous assistez à un comportement de prédateur."
"Même si vous êtes une petite fille élevée au sein d'une famille de végétariens New Age, votre langage corporel demeure celui d'un prédateur." Chris Irwin

Bien sûr, Chris Irwin nous invite à nous comporter comme des proie, pour mieux interagir avec le cheval. Se comporter comme une proie, c'est à dire ouvrir sa conscience à ce qui est autour de nous. Cela ne vous rappelle-t-il pas l'utilisation du cerveau droit?

En ce qui concerne l'humain prédateur, Linda Kohanov insiste sur la dualité et la complémentarité entre la proie et le prédateur. Elle cite d'ailleurs l'image biblique de l'agneau et du lion qui se couche côte à côte. Après tout, l'homme est également une proie, même si il ne se comporte plus comme tel.

Linda Kohanov parle de l'intelligence de la proie et celle du prédateur comme étant complémentaire. Elle fait d'ailleurs plusieurs fois référence à la complémentarité du yin et du yang dans la sagesse taoïste.
Or justement, Sally Swift évoque cette image du yin et du yang pour parler des deux hémisphère. Coïncidence? Je vous laisse en juger !

Quoi qu'il en soit, je ne peux que vous encourager à essayer d'utiliser un peu plus votre cerveau droit, à cheval comme ailleurs.

Cela vous évoque-t-il quelque chose? Êtes-vous familiers avec cette façon d'utiliser le cerveau droit? Avez-vous déjà ressenti ces sensations?